Voici venue pour vous la douceur du tombeau ;
Et votre esprit agile enfui d’un corps mortel,
Après avoir brandi le lucide flambeau,
Avoir tant défendu et le Sceptre et l’Autel,
Enfin tant évoqué les rêves les plus beaux,
Vagabonde à présent sur la rive éternelle.
Bientôt croasseront les plus hideux corbeaux
Proférant, travestis, que votre œuvre était belle.
Oh, ils diront partout, mais pour vous oublier,
Que vos livres jouaient avec le sablier,
Teintés d’une atmosphère obscure et nostalgique,
Âpres et exaltants, et presque liturgiques :
L’écho multiplié d’une morte saison ;
Mais ils ne diront pas que vous aviez raison.
N.B. J’ai écrit ce poème il y a plus de dix ans, à un moment où quelque rumeur le disait près d’expirer. À la relecture, j’en changerais volontiers la plupart des vers mais, ayant pris connaissance d’un certain nombre de nécrologies, certainement pas le dernier.