Evangile de Saint Jean - Grandes Heures d'Anne de Bretagne

Dix petits grains de messe – 10 – Le dernier évangile


Evangile de Saint Jean - Grandes Heures d'Anne de Bretagne
Evangile de Saint Jean – Grandes Heures d’Anne de Bretagne

10 – Le dernier Évangile

Saint Jean ! aucun apôtre ne m’est plus cher que lui. Il y a cent raisons à cela : il est le disciple que Jésus aimait ; il était le seul apôtre au pied de la Croix ; c’est par lui que nous avons été faits enfants de la Sainte Vierge Marie ; il est l’un des deux apôtres à venir au tombeau ; martyr, il a été préservé de la mort miraculeusement ; plus jeune apôtre, il est aussi mort le plus vieux, et le dernier ; il est l’auteur d’un Évangile très différent des autres ; il est l’auteur de l’Apocalypse, ce qui lui donne le privilège d’être le dernier auteur de la Sainte Écriture, sans compter le fait que, prophète de l’Église, il s’y montre le digne successeur de prophètes tels qu’Ézéchiel ou Daniel, qu’il surpasse.

J’ai toujours aimé saint Jean. Il n’est pas un jour où j’omets de le prier. Souvent me vient en tête la pensée peut-être bizarre qu’il est le dernier écrivain, qu’il n’en est pas d’autre après lui, sinon des perroquets qui le répètent, lui ou ceux qui l’ont précédé, et des maudits qui aiment le mensonge. Que voulez-vous écrire après l’Apocalypse, qui raconte toute l’histoire de l’Église, la seule qui compte, au fond ? Sans doute, cette pensée a un caractère excessif que je ne saurais nier.

N’importe ; j’ai toujours eu beaucoup d’affection pour saint Jean, et rien ne me serait dès lors plus naturel que de chérir tout particulièrement la lecture du prologue de son Évangile à la fin de la messe.

Saint Jean à Patmos
Saint Jean à Patmos

C’est pour moi une grande tristesse de constater qu’en de nombreuses chapelles on se permet de lancer le chant final avant que le prêtre ait terminé, que dis-je, avant même qu’il ait commencé la lecture du dernier Évangile ! Mais ignorez-vous, malheureux, que c’est nous, les fidèles, qui avons réclamé à grands cris que le prêtre ne le lût pas tout seul dans l’intimité de la sacristie, mais le proclamât devant nous1 ?

Fort bien, me direz-vous ; les raisons historiques ne sont pas sans intérêt ; cependant, puisque plus personne ne demande la lecture de cet évangile, quelle autre raison a-t-on de le lire ?

Les commentateurs ont dégagé plusieurs explications symboliques. Il n’est peut-être pas inutile de faire remarquer que la composition de la messe, faite au cours des siècles, répond bien évidemment à un dessein divin. Des innovations ont été sanctionnées après plusieurs siècles ; d’autres n’ont pas été retenues. Dans ce long processus, il n’est pas douteux que le Seigneur Lui-même a agi et c’est donc à raison que les commentateurs ont trouvé des raisons différentes de celles qui ont poussé historiquement à ajouter tel ou tel passage. En d’autres termes, Dieu s’est servi des raisons justes mais imparfaites des hommes pour que la sainte liturgie soit perfectionnée dans un sens qui n’était encore connu que de Lui mais que nous allons nous attacher à découvrir.

Triptyque représentant Jésus crucifié entouré de Sa Mère et de saint Jean
Triptyque représentant Jésus crucifié entouré de Sa Mère et de saint Jean

Tout en faisant mes recherches sur ce dernier évangile, j’ai découvert un commentaire de la messe écrit par un certain abbé Floriot, ayant vécu au XVIIème siècle, qui fait un parallèle très intéressant entre la messe et le dernier évangile.

Que raconte ce prologue ? Que le Verbe de Dieu s’est incarné pour le salut des hommes. Qu’est-ce que la messe ? Le Verbe de Dieu qui descend parmi nous sous l’apparence du pain et du vin pour notre salut. La messe, qui renouvelle le Saint Sacrifice du Seigneur, est également un renouvellement de Son incarnation :

« Il nous est donné d’assister à cette bienheureuse naissance si nous assistons à la sainte Messe où elle est renouvelée et continuée.2 »

Ce parallèle est déjà frappant en lui-même, mais il n’est pas seul :

« il faut examiner pourquoi l’Église nous fait lire après l’oblation du saint Sacrifice, et en suite de la Communion des fidèles, ce commencement de l’Évangile de saint Jean, où il est traité de la divinité du Verbe, de sa venue dans le monde par l’Incarnation, du rebut qui a été fait de sa personne par ceux qui lui appartenaient, et de l’adoption des enfants de Dieu.3 »

Tout ce que vient de mentionner l’abbé Floriot se trouve dans la messe également. Je vous laisse lire son commentaire : vous verrez que le parallèle est frappant.

De son côté, l’abbé Olier fait remarquer l’Évangile de saint Jean se trouve inscrit sur un des trois canons de l’autel, mis à part donc d’un livre quelconque. Il y a sans doute une raison pratique à cela : puisqu’on le lit à chaque messe, mieux vaut ne pas ouvrir un livre mais lui accorder une place à part, plus commode. Cependant, cette raison est très insuffisante car on connaissait cet évangile par cœur, au témoignage de l’abbé Lebrun4.

Si le dernier évangile est lu à la toute fin de la messe, après l’Ite missa est, après la bénédiction, et si on le lit sur un carton et non dans un livre qui se ferme, c’est parce qu’il représente l’éternité, qui commencera d’une certaine manière à la fin des temps, et ne se fermera jamais. Lire l’évangile de saint Jean, c’est donc entrer symboliquement dans l’éternité. Quelle meilleure manière de terminer la messe ? Nous sommes appelés, non pas à retourner à la grisaille de notre vie terrestre, mais à avoir toujours dans la pensée le but de toute notre existence. Nous ne retombons point : nous finissons plus haut.

L’abbé Olier parle bien mieux que moi de toutes ces raisons. Cependant, comme il serait trop long à citer, je ne puis que vous suggérer de le lire5.

Saint Jean continuant à prier dans son martyre
Saint Jean continuant à prier dans son martyre

Tout en écrivant cet article, j’ai été frappé de la manière dont ce prologue correspond à une parfaite conclusion de dissertation : si l’on en croit l’abbé Floriot, il résume la messe toute entière ; si on en croit l’abbé Olier, il nous met un pied dans l’éternité. Résumé et ouverture : voilà des mots qui doivent parler à tous ceux qui sont au moins passés par le lycée !

J’aimerais parler davantage de ce passage, qui est si riche, mais au fond, il vaut mieux que vous lisiez tous ces commentateurs que j’ai longuement cités et dont je n’ai voulu que me faire le perroquet : de toute cette série d’articles, j’espère qu’il n’y a de moi que l’emballage et la présentation, et qu’aucune idée n’y est originale. Puissent ces dix petits grains de messe pousser dans le cœur de mes lecteurs comme le grain de sénevé, porter un fruit abondant et dresser de hautes branches vers le Ciel !

Terminons donc, si vous le voulez bien, par une paraphrase de cet admirable évangile. J’ai intercalé le texte latin avec ma paraphrase.

Saint Jean-Baptiste par Jacopo del Casentino
Saint Jean-Baptiste par Jacopo del Casentino

« In principio erat Verbum et Verbum erat apud Deum et Deus erat Verbum. Hoc erat in principio apud Deum. Omnia per Ipsum facta sunt, et sine Ipso factum est nihil quod factum est.6 »

Dans le Père le Verbe est au commencement ;
Le Verbe est en l’Esprit ; le Verbe est Dieu Lui-même.
La Création le fut sur Son commandement,
Et rien ne fut sans Lui de l’immense poème.

« In Ipso vita erat, et vita erat Lux hominum. Et Lux in tenebris lucet et tenebrae eam non comprehenderunt. »

La vie, notre lumière, avait son siège en Lui ;
La lumière du Verbe éclatait dans le noir,
La lumière brillait au milieu de la nuit,
Mais la nuit, aveuglée, ne voulait point la voir.

« Fuit homo missus a Deo cui nomen erat Iohannes. Hic venit in testimonium ut testimonium perhiberet de lumine ut omnes crederent per illum. Non erat ille lux, sed ut testimonium perhiberet de lumine. Erat lux vera quae illuminat omnem hominem venientem in mundum. »

Le Seigneur envoya dans le monde un témoin
Qui rendit témoignage à l’unique lumière ;
Puis le Verbe adorable et sublime en tous points
Descendit éclairer tout homme sur la terre.

« In mundo erat, et mundus per ipsum factus est, et mundus eum non cognovit. In propria venit et sui eum non receperunt. »

Le Créateur divin vint dans Sa création :
Sa création pour Lui n’eut pas le moindre égard.
Le Seigneur descendit au sein de sa nation,
Qui Le vit et dès lors détourna le regard.

« Quotquot autem receperunt eum dedit eis potestatem filios Dei, fieri his qui credunt in nomine Eius. Qui non ex sanguinibus, neque ex voluntate carnis, neque ex voluntate viri, sed ex Deo nati sunt. »

Mais le Verbe a voulu que tout homme qui croit
En Lui, le Fils de Dieu, le devienne à son tour,
Ô don que ni la chair, ni le sang, mais le Roy
Accorde à l’homme seul qui naît de son amour.

« ET VERBUM CARO FACTUM EST, et habitavit in nobis, et vidimus gloriam eius, gloriam quasi unigeniti a Patre, plenum gratiae et veritatis. »

Le Verbe s’est fait chair ; Il s’est fait l’un de nous,
Et nous, qui témoignons, L’avons vu dans Sa gloire,
Gloire du Fils de Dieu qu’on adore à genoux,
À qui l’on doit offrir l’holocauste du soir.

1Voir à ce sujet l’abbé Lebrun, op. cit., pp. 590 et 591. C’est à la fin du Moyen-Âge que l’usage s’est répandu, avant d’être avalisé par saint Pie V. Toutefois, Dom Guéranger donne une explication un peu différente dans la section « Dernier Évangile » de son Explication des prières de la sainte messe, selon laquelle seule la dévotion des fidèles aurait poussé les prêtres à ajouter cette lecture à la fin de la cérémonie.

2Père de Cochem, op. cit., p. 64. Tout un chapitre est consacré à ce sujet.

3Abbé Floriot, Traité de la Messe de paroisse : où l’on découvre les grands mystères cachés sous le voile des cérémonies de la Messe publique et solennelle : et les instructions admirables que Jésus-Christ nous y donne par l’unité de son sacrifice, Helie Josset, 1684, p. 686.

4Abbé Lebrun, op. cit., p. 588. De fait, il suffit de quelques années à le lire pour se rendre compte qu’on en connaît la totalité.

5Surtout à partir de la page 529.

6J’ai suivi le découpage le plus commun à l’heure actuelle. Néanmoins, anciennement, on ne découpait pas de cette manière-là le texte, et ces trois mots, « quod factum est », étaient rattachés à la suite. De plus savants que moi diront quelle est la bonne manière de faire : j’ai cru devoir m’en tenir à l’usage.

Chant de l'Évangile des Rameaux - Saint Eugène-Sainte Cécile (© Schola Sainte-Cécile)

Dix petits grains de messe – 3 – Per evangelica dicta


Chant de l'Évangile des Rameaux - Saint Eugène-Sainte Cécile (© Schola Sainte-Cécile)
Chant de l’Évangile des Rameaux – Saint Eugène-Sainte Cécile (© Schola Sainte-Cécile)

3 – Per evangelica dicta

Si j’avais l’esprit et les lèvres pures comme celles d’Isaïe, je parlerais sans crainte aux petits Manassé que je connais ; mais ce n’est pas le cas : aussi répété-je toujours après l’Évangile cette remarquable petite prière, si remarquablement rythmée que je la présenterai en vers :

« Per evangelica dicta,
deleantur nostra delicta. »

C’est ce que le prêtre, ou le diacre, dit juste après avoir proclamé l’Évangile :

« Que l’Évangile et sa lecture
Nous purifient de nos souillures. »

C’est le caractère proprement poétique de cette formule, peut-être d’origine médiévale1, qui m’a conduit à la choisir. Bien que la disposition typographique de la phrase n’invite nullement à cette conclusion, il ne fait pas de doute qu’il s’agit d’un distique : on n’y trouve pas seulement une espèce de rime, mais aussi deux véritables octosyllabes :

Per-e-van-ge-li-ca-dic-ta
de-lean-tur-nos-tra-de-lic-ta.

On me reprochera peut-être les considérations qui vont suivre, un peu pédantes, sans doute ; on me dira que le lecteur n’en a cure, et que la poésie, car c’est de cela qu’il va être question, doit être sentie, non analysée et décortiquée. Hélas, comme je voudrais qu’il en soit ainsi ; malheureusement, l’honnête homme de notre temps n’a guère de sensibilité poétique, car de maudits amphigouristes ont accaparé la poésie, l’ont travestie, l’ont confisquée et en ont fait quelque chose d’étranger à n’importe quel lecteur, même de bonne volonté, qui préfère ne pas y toucher2. Ces deux paragraphes sont ici pour faire comprendre au lecteur ce qu’il ne peut plus sentir instinctivement.

Un lecteur savant et tatillon me reprochera peut-être d’avoir triché à la deuxième syllabe du deuxième vers mais, de même qu’on omet le e muet en français lorsqu’il se trouve devant une voyelle, on l’omet aussi en poésie latine liturgique, témoin le quatorzième vers du Veni Creator : « Infunde amorem cordibus », où le premier mot ne doit pas être prononcé en entier, mais lié au mot suivant : infundamorem. La poésie liturgique latine regorge d’autres exemples de ce genre, qui sont loin d’être isolés.

Un lecteur un tant soit peu habitué à la poésie ne peut pas rester insensible à l’admirable disposition des dentales, successivement sonores et sourdes : d-t-d-t-n-t-d-t, ou, pour être peut-être plus clair : dicta deleantur nostra delicta. Notez également la présence de la nasale, ‘n’, en plein milieu de cette succession, qui vient adoucir ce rythme qui pourrait être trop martelé si on avait eu encore un autre ‘d’. Notez également que deleantur et delicta se ressemblent énormément : même nombre de syllabes, même disposition des consonnes, notamment des dentales. Notez cette homophonie quasi complète entre dicta et delicta ; on dirait que l’auteur a voulu insister sur le fait que nos fautes (delicta) étaient vraiment supprimées (deleantur) par les paroles (dicta) de l’Évangile. Ces trois mots ont ensemble un lien très fort, très marqué, et cette parfaite adéquation de la forme et du fond témoigne d’un talent remarquable.

Saint moine
Saint moine

Qui sait, d’ailleurs, qui est l’auteur de cette formule ? Peut-être était-ce un humble moine dont nul n’a retenu le nom, et qui ne cherchait pas à ce qu’il fût connu, mais qui n’était soucieux que de la gloire de Dieu et qui, à notre humble degré, y est parfaitement arrivé. Peut-être aussi est-ce l’œuvre d’un premier clerc, qui a écrit quelque chose qui n’était pas mauvais, mais qu’un second est parvenu à améliorer, et, sait-on jamais, a été encore perfectionné par un troisième.

Loin s’en faut, d’ailleurs, que cette formule soit isolée. On en retrouve de très similaires à l’office de Matines, utilisées comme bénédictions après certaines lectures.

« Evangelica lectio
Sit nobis salus et protectio »

« Que l’Évangile et sa proclamation
Soit pour nous tous salut et protection. »

Ma traduction en décasyllabes ne rend pas justice au déséquilibre de la formule qui est en 7/9. Si j’étais un peu audacieux, je corrigerais volontiers cette formule pour en faire deux octosyllabes :

« Sit evangelica lectio
Nobis salus et protectio. »

En voici une autre, un peu plus éloignée, mais dans une forme semblable et dans le même esprit :

« A conctis vitiis et peccatis
Absolvat nos virtus Sanctae Trinitatis ».

« Que la puissante et Sainte Trinité
Lave en nos cœurs nos fautes répétées. »

Là encore, je n’ai pas respecté le déséquilibre dans la traduction.

On sent bien, néanmoins, que ces formules, toutes nobles et admirables qu’elles soient, le sont bien moins que celle qui a été choisie à la messe : pour l’office le plus saint, il est juste que ne soient choisies que les formules les plus parfaites.

C’est cette petite formule, que je répète systématiquement après chaque lecture de l’Évangile, du moins quand mes enfants ne m’empêchent pas d’être attentifs, qui m’a fait comprendre que l’Évangile était en mesure d’effacer nos péchés, du moins nos péchés véniels :

« Ces paroles peuvent effacer les péchés, parce qu’elles ont une force et une vertu particulière pour exciter le repentir de nos péchés, et l’amour de Dieu qui les efface.3 »

Pour le dire avec un vocabulaire plus théologique :

« L’Évangile a valeur de sacramental pour effacer les fautes vénielles.4 »

Saint Jean - Évangéliaire de Lorsch
Saint Jean – Évangéliaire de Lorsch

En fin de compte, il est presque regrettable que le prêtre ne prononce pas à voix haute cette formule : peut-être serait-on plus attentif en écoutant l’Évangile. Mais pour les lecteurs modernes, nous n’avons nul besoin de cette proclamation à voix haute, nous qui disposons de missels où nous trouvons non seulement le texte de la messe, mais aussi sa traduction.

On me dira peut-être : « Mais si l’Évangile est chanté en latin, quelle est la valeur de cette formule puisque nous n’y comprenons rien ? » La belle affaire ! D’abord, il faut apprendre un peu de latin : à notre époque, c’est loin d’être difficile ; deuxièmement, nous disposons de la traduction dans notre missel (demandez à votre voisin de banc si vous n’en avez pas) ; troisièmement, il importe surtout d’avoir l’esprit de l’Évangile et les dispositions qui l’accompagnent :

« pourvu que nous ayons l’amour de l’Évangile et son esprit, sans beaucoup le connaître, nous sommes admis au ciel, comme le témoigne le Sous-Diacre qui monte les trois marches de l’autel jusqu’à Jésus-Christ, signifié par le Prêtre, sans voir l’Évangile qu’il porte en ses mains.5 »

Que l’Épître et l’Évangile sont beaux lorsqu’ils sont chantés en latin ! Voilà une chose que je regrette de ne pas trouver partout où sont les messes traditionnelles. Et puis quoi, si nous voulons lire et méditer l’Évangile, nous n’avons qu’à le faire chez nous : est-ce que nous n’avons vraiment pas le temps, dans notre civilisation de loisirs ?

1C’est l’avis de Dom Guéranger : « Nous trouvons dans cette formule, que l’on emploie quelquefois comme bénédiction à Matines, une sorte de rime qui dénote une origine moyen âge. » Dom Guéranger, Explications des prières de la sainte messe, partie Évangile.

2À ce sujet, on lira avec intérêt Chaunes et Sylvoisal, Contre la démission des poètes, L’Âge d’homme, tout particulièrement le « Premier entretien – Le projet des Amphigouristes », p. 11.

3Abbé Lebrun, op. cité, p. 211.

4Abbé Barthe, La Messe, une forêt de symboles, Via Romana, p. 103. Sur l’effacement des péchés véniels par l’assistance à la sainte Messe, on pourra consulter le livre du père de Cochem, notamment aux pages 154-157, « §2 – De quelle manière la sainte Messe opère la rémission des péchés véniels ». Sur les effets purificateurs de la lecture de l’Évangile, il écrit ceci : « Le prêtre baise le livre en signe de respect pour la parole de Dieu et pour exprimer qu’elle nous apporte la grâce de la réconciliation. C’est la signification des paroles : « Que nos péchés soient effacés par les paroles du saint Évangile.«  » (p. 291)

5Abbé Olier, op. cité, pp. 290-291.

Coeur Immaculé de Marie - CC Diana Ringo

Cœur immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie – Alléluia


Allelúia, allelúia. V/. Luc. 1, 46, 47. Magníficat ánima mea Dóminum : et exsultávit spíritus meus in Deo salutári meo. Allelúia.

Mon âme glorifie mon aimable Seigneur,
Mon cœur plein de Sa vie acclame mon Sauveur !

Coeur Immaculé de Marie - CC Diana Ringo
Cœur Immaculé de Marie – CC Diana Ringo
Châsse de Saint Vincent de Paul - CC FLLL

Saint Vincent de Paul – Postcommunion (Propre de France)


Postcommunio
Cæléstibus, Dómine, refécti sacraméntis : quǽsumus ; ut ad evangelizántem paupéribusFílium tuum imitándum, beáti Vincéntii, sicut exémplis provocámur, ita et patrocíniis adiuvémur. Per eúndem Dóminum.

Châsse de Saint Vincent de Paul - CC FLLL
Châsse de Saint Vincent de Paul – CC FLLL

Ô divin aliment redescendu du Ciel,
Vous avez tant nourri nos pauvres cœurs mortels
Qu’ils débordent de joie.

Que ce bonheur, Seigneur, ne reste pas stérile,
Que Votre serviteur ne soit pas immobile,
Mais qu’il serve son Roy.

Donnez-nous le désir d’annoncer Votre Fils
À tous les pauvres gens, comme le fit jadis
Le bon Monsieur Vincent.

Et vous, ô saint de Dieu, protégez-nous sans cesse
Afin que nous puissions, un jour, pleins d’allégresse,
Sans fin brûler l’encens.

Saint Bonaventure - Rubens

Saint Bonaventure – Communion


Ant. ad Communionem. Luc. 12, 42.
Fidélis servus et prudens, quem constítuit dóminus super famíliam suam : ut det illis in témpore trítici mensúram.

Saint Bonaventure - Rubens
Saint Bonaventure – Rubens

Gloire au serviteur prudent et fidèle
Sous qui le Seigneur mit Sa maisonnée ;
Il fut dans sa vie un ange pour elle,
Au retour du Maître il fut couronné.

Car il était sage et plein de patience,
Faisait la récolte avec un grand soin,
Et même vieillard plantait ses semences,
Donnant à chacun selon son besoin.

Saint Jean-François Régis - CC Hvang(nl)

Saint Jean-François Régis – Alléluia (pro aliquibus locis)


Allelúia, allelúia. V/. Ps. 67, 12. Dóminus dabit verbum evangelizántibus, virtúte multa. Allelúia.

Saint Jean-François Régis - CC Hvang(nl)
Saint Jean-François Régis – CC Hvang(nl)

Ceux qui dans l’univers répandent Sa nouvelle
Recevront de Sa part le don de bien parler.
Leur voix, lourde et pesante, aura soudain des ailes,
Les secrets des rhéteurs leur seront révélés,
Et leurs lèvres, soudain, plongeant au fond des âmes,
Comme au fond d’une chambre un voleur bien hardi,
Fera monter vers Dieu la sainte et haute flamme
Qui brûle dans un cœur qui veut le Paradis.

Biographie de Saint Jean-François Régis

Ce jésuite français missionnaire évangélisa la région du Vivarais, ravagée par les guerres de religions. Il y créa une industrie dentellière pour endiguer la prostitution des filles du Puy, constitua des chorales d’enfants, soigna les moribonds et conquit ainsi les titres d’« apôtre du Vivarais » et de « marcheur de Dieu ».

Dieu - Viktor Vasnetsov

Samedi de la deuxième semaine de Carême – Oraison sur le peuple


Super populum : Orémus. Humiliáte cápita vestra Deo.
Oratio.
Famíliam tuam, quǽsumus, Dómine, contínua pietáte custódi : ut, quæ in sola spe grátiæ cæléstis innítitur, cælésti étiam protectióne muniátur. Per Dóminum.

Votre famille, ô mon Seigneur,
La tête inclinée sur Vos pieds,
Supplie Votre infinie grandeur
De l’avoir toujours en pitié.

Elle croit n’avoir qu’un espoir,
Qu’un seul soutien, un seul appui :
Votre grâce, qui dans le noir,
Est comme une lampe qui luit.

Gardez-la toujours des périls
Qu’ouvre sur ses pas l’ennemi ;
Qu’elle garde Votre Évangile,
Et que sa Foi soit affermie.

Purification de la Sainte Vierge

Purification de la Très Sainte Vierge (Présentation du Seigneur) – Trait


Tractus. Luc. 2, 29-32.
Nunc dimíttis servum tuum, Dómine, secúndum verbum tuum in pace.
V/. Quia vidérunt óculi mei salutáre tuum.
V/. Quod parásti ante fáciem ómnium populórum.
V/. Lumen ad revelatiónem géntium et glóriam plebis tuæ Israël.

Mon Dieu, laissez partir Votre humble serviteur ;
Laissez-le s’en aller dans la paix et la joie :
Ses yeux n’ont-ils pas vu l’Enfant, le Fils, le Roy,
Le Salut qu’à Son peuple apporte le Seigneur ?

Vous avez préparé au vu de tous les yeux
La lumière qui doit illuminer le monde,
La torche éblouissante, admirable et féconde,
Gloire de Votre peuple Israël, ô mon Dieu.

Saint Marcel Ier, pape et martyr

Saint Marcel Ier, pape et martyr – Communion (avant 1942)


Ant. ad Communionem. Matth. 25, 20 et 21.
Dómine, quinque talénta tradidísti mihi, ecce, ália quinque superlucrátus sum. Euge, serve bone et fidélis, quia in pauca fuísti fidélis, supra multa te constítuam, intra in gáudium Dómini tui.

– Maître, Vous êtes de retour :
Voici les cinq talents que Vous m’aviez remis ;
Vous pouvez être sûr que pendant tous ces jours
Je ne me suis pas endormi.

Car voici cinq talents encor,
Que je pus obtenir à l’aide des premiers ;
Je n’ai point ménagé ma peine ou mes efforts,
Et je les ai bien employés.

– Ô serviteur, bon et loyal,
Tu t’es montré fidèle à ce petit emploi ;
Tu recevras bientôt une mission royale :
Ton Maître t’invite à sa joie.

La Sainte Famille - CC Père Igor

La Sainte Famille – Communion (Sonnet)


Ant. ad Communionem. Luc. 2, 51.
Descéndit Iesus cum eis, et venit Názareth, et erat súbditus illis.

Humilité du Christ, admirable entre toutes,
Que le Seigneur si bon accorde aux orgueilleux,
Dont la bouche et l’esprit sont si secs, une goutte
Qui puisse nous ouvrir et le cœur et les yeux !

Ô Jésus, Vos parents angoissés sur la route,
Ne Vous retrouvant plus, Vous cherchent en tous lieux ;
Quand ils Vous voient enfin, des sages Vous écoutent
Témoigner devant eux que Vous connaissez Dieu.

Car Vous manifestiez la connaissance intime
Que Vous avez du Père, et les liens si étroits
Que Vous entretenez dans Votre union sublime.

Pourtant, Vous, le Seigneur, le Monarque et le Roy,
Avez daigner vouloir, malgré Votre puissance,
A deux êtres humains prêter obéissance.

Un chapelet

Sixième dimanche après l’Epiphanie (transféré) – Communion


Ant. ad Communionem. Marc. 11, 24.
Amen, dico vobis, quidquid orántes pétitis, crédite, quia accipiétis, et fiet vobis.

Je vous en fais le serment :
Demandez par la prière,
Priez, suppliez Mon Père ;
Croyez alors fermement
Que, du haut du firmament,
Sa main vous sera prospère.

Rosary – Image originale

Saint Didace prêchant - Annibale Carracci

Saint Didace – Collecte


Oratio.
Omnípotens sempitérne Deus, qui dispositióne mirábili infírma mundi éligis, ut fórtia quæque confúndas : concéde propítius humilitáti nostræ ; ut, piis beáti Dídaci Confessóris tui précibus, ad perénnem in cælis glóriam sublimári mereámur. Per Dóminum nostrum.

Seigneur, Votre toute puissance,
Qu’il est bien juste qu’on encense,
A souvent fait choix ici-bas
Du plus faible et du plus fragile
Pour annoncer Votre Évangile
Et mener les plus durs combats.

Le monde entier put voir alors
Que tous ceux qui se croyaient forts
Ne pouvaient rien face à Vous, non !
Leur prétention soudain s’affaisse
Face à l’homme dont la faiblesse
A pris pour rempart Votre Nom !

A nous aussi, humbles pécheurs,
Soyez favorable, ô Seigneur ;
Regardez notre humilité.
Que le secours de saint Didace
Nous guide en cette vie qui passe
Et nous gagne l’éternité.

Saint Simon et saint Jude - CC Rh-67

Saints Simon et Jude – Offertoire (Sonnet)


Ant. ad Offertorium. Ps. 18, 5.
In omnem terram exívit sonus eórum : et in fines orbis terræ verba eórum.

Les peuples de la terre
Entendirent leur voix.
Les hommes écoutèrent
Les envoyés du Roy.

Seigneur, pour Vous complaire,
Brandissant Votre Croix,
Aux gentils ils montrèrent
Votre impeccable voie.

Jusqu’aux confins du monde,
Sur la poussière et l’onde,
Vous les avez conduits.

Par eux Votre Évangile
Illumina cent villes
Et rejeta la nuit.

Saint Bonnet le Château - Chorale céleste - CC Daniel Villafruela

Gaudium erit coram Angelis – Liturgie #6


Saint Bonnet le Château - Chorale céleste - CC Daniel Villafruela
Saint Bonnet le Château – Chorale céleste – CC Daniel Villafruela

Je voulais changer de sujet après la série sur le Confiteor, mais voici que l’évangile d’hier nous proposait une conclusion parfaite :

Gaudium erit coram Angelis Dei super uno peccatore pœnitentiam agere. (Saint Luc, 15, 10)

C’est à dire : Il y aura de la joie parmi les anges de Dieu, pour un seul pécheur qui fait pénitence.

Le prince du mensonge alla parler à Dieu :
« Regardez l’univers, et du haut de Vos Cieux,
Devant Vos serviteurs, Vous devrez reconnaître
Que j’en suis désormais le seigneur et le maître.
Moi, je vois pour ma part que sept milliards d’humains
Sont, ou près d’y tomber, ou déjà dans ma main.
Oui, Votre créature admirable et si belle,
Contre Votre amitié par mes soins se rebelle.
Oui, cette créature à Votre Fils liée
Sous ma terrible loi désire se plier.
Mais pourquoi Vous réjouir ? Pour me mettre en colère ?
Enfin, expliquez-moi ce qui peut bien Vous plaire
Sur cette boule ingrate, orgueilleuse et impie
Qui devrait provoquer Votre profond dépit ?
Tout dans l’homme aujourd’hui, cette race traîtresse,
Devrait faire verser des larmes de tristesse !
Mais qu’entends-je, pourtant ? Des cantiques joyeux !
Je vois l’ange réjoui, et n’en crois pas mes yeux !
Répondez, répondez, pourquoi tant de bonheur
Quand l’intouchable Roy doit Se vider de pleurs ? »
Un ange répondit : « Ne vois-tu pas, satan,
Ces pécheurs repentis, ces nouveaux pénitents ?
Pour un seul qui revient à l’Amour éternel,
Dieu verse plus de liesse aux habitants du Ciel. »