Le Repentir de saint Pierre - Johannes Moreelse

Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa – Confiteor #7 – Rondeau #9


Le Repentir de saint Pierre - Johannes Moreelse
Le Repentir de saint Pierre – Johannes Moreelse

Nous parvenons à la fin de notre série sur le Confiteor, avec la triple accusation de la faute.

Le voici mon péché, pardonnez-moi Seigneur !
Hélas, je sais trop bien que malgré tous mes pleurs,
En dépit de Votre aide, en dépit de ma foi,
Je viendrais à blesser Votre amoureuse loi
Et non pas dans un an, mais d’ici moins d’une heure.

Pourtant, que je regrette ! Alors, du fond du cœur,
Redisons sans tarder avec plus de chaleur,
Reconnaissons encor, répétons une fois :
Le voici mon péché !

Comme un ver, du serpent maudit imitateur,
J’ai voulu m’élever contre Vous, Créateur,
Hypostases sacrées, contre Vous seul, Vous trois !
Je voulus usurper la couronne du Roy.
Accusons-nous encor, songeons à sa1 grandeur :
Le voici mon péché !

1 Sa : la grandeur peut se rapporter à Dieu également ; on lira ici dans les deux sens, car il ne peut y avoir de grand péché que s’il est un grand Dieu. Songer à la grandeur de Dieu nous fait immédiatement apercevoir la grandeur de notre péché, fût-il le péché le moins grave.

Les Saints du Ciel - Bienheureux Fra Angelico

Omnibus sanctis – Confiteor #6 – Virelai #1


Les Saints du Ciel - Bienheureux Fra Angelico
Les Saints du Ciel – Bienheureux Fra Angelico

Pour ce pénultième poème consacré au Confiteor, la forme du virelai, bien qu’elle fût d’abord adaptée à la chanson populaire, n’étant pas sans rapport avec la litanie, m’a paru convenir pour notre sujet. Ici, c’est la forme la plus simple du virelai qui a été choisie.

A tous les saints, qui sont restés fidèles,
A tous les saints, qu’on doit prendre en modèles,
A vous, ô saints, je demande pardon.

Ô bras et mains du Seigneur éternel,
Qui nous guidez, nous trop souvent rebelles,
A vous, ô saints, je demande pardon.

Intercesseurs, ponts entre terre et Ciel,
Par qui nos vœux se font spirituels,
A vous, ô saints, je demande pardon.

Vous dont les noms, que nous portons sans zèle,
Devraient toujours sonner comme un rappel,
A vous, ô saints, je demande pardon.

Vous qui, du monde, étiez jadis le sel,
En qui Là-haut le Seigneur étincelle,
A vous, ô saints, je demande pardon.

Vous qu’Il envoie nous garder sous vos ailes
Du tentateur qui séduit, ensorcelle,
A vous, ô saints, je demande pardon.

Pour mes péchés, mes fautes criminelles,
Pour mes affronts, ma malice cruelle,
A vous, ô saints, je demande pardon.

Parce que Dieu sans cesse nous appelle
A renforcer votre troupe immortelle,
A vous, ô saints, je demande pardon.

A vous, remparts, murailles, citadelles,
Vous qu’a bâtis Une main paternelle,
A vous, ô saints, je demande pardon.

Le Greco - Saint Pierre et saint Paul

Sanctis apostolis Petro et Paulo – Confiteor #5 – Stances #81


Le Greco - Saint Pierre et saint Paul
Le Greco – Saint Pierre et saint Paul

Invocation préliminaire

Ô saint Pierre, ô saint Paul, donnez-moi l’éloquence !
Je creuse ma cervelle et n’y découvre rien.
Je voudrais aux lecteurs offrir une défense
De ce Confiteor où je vois tant de bien,
Mais si je reste seul avec mes pauvres forces,
Vous savez mieux que moi que c’est peine perdue.
Je suis jeune, orgueilleux, je bombe trop le torse,
Mais que votre bonté soit sur moi répandue.

Poème

Pardon pour mes péchés et mes fautes sans nombre,
Ô Pierre, ô premier pape, apôtre des Hébreux,
Ô socle de l’Église à qui mon cœur trop sombre
A causé tant de fois des désordres affreux.

Au lointain descendant d’une race païenne,
Pardonnez, ô saint Paul, apôtre des Gentils ;
Vous m’avez apporté l’existence chrétienne :
Voyez ma contrition et mon cœur repenti.

Ô saint Pierre, ô saint Paul, colonnes de l’Église,
Ardents propagateurs du Nouveau Testament,
De la Nouvelle Alliance, absolvez mes traîtrises,
Et par amour pour Dieu soyez pour moi cléments.

Saint Jean-Baptiste par Jacopo del Casentino

Beato Ioanni Baptistæ – Confiteor #4 – Stances #80


Saint Jean-Baptiste par Jacopo del Casentino
Saint Jean-Baptiste par Jacopo del Casentino

Quatrième volet de notre série sur le Confiteor : l’invocation à saint Jean-Baptiste.

Le monde était dans l’ombre et l’homme avait rompu
Le lien qui l’unissait à son divin Auteur ;
Le diable triomphait, ou le croyait, repu
De larmes, de péchés, de crimes et de pleurs.

Mais Dieu ne laissa point l’homme dans l’abandon ;
Le Créateur aimait l’ingrate créature,
Il désirait déjà dispenser Son pardon
Et retourner vers Lui cette âme folle et dure.

Avec quelle patience Il restaura ce lien !
Voici, de siècle en siècle, en dépit des tempêtes,
Supérieurs aux guerriers, aux rois, aux magiciens,
La longue chaîne d’or des bienheureux prophètes.

D’Abraham à Moïse, Isaïe, Jérémie,
Et jusqu’au Précurseur, envoyés par le Père,
Ils proclamaient tout haut sous des yeux ennemis :
« Redressez vos chemins car voici la Lumière. »

Menaces et mépris, coups, trahisons, tourments,
Mais toujours habités par le Consolateur,
Rien ne les arrêta, et toujours, lentement,
Ils bâtirent le pont qui nous lient au Seigneur.

Et nous pécheurs, ce pont, nous le fragilisons,
Ou même, fous, ô fous ! le mettons en poussière ;
Un instant y suffit, et notre déraison
Fait voler en éclat l’ouvrage millénaire.

Au suprême prophète aussitôt demandons,
Parce que nos péchés lui font aussi du tort,
Qu’il veuille, à nous pécheurs, accorder le pardon,
Et nous guider toujours vers Celui qu’il adore.

Saint Michel Archange

Beato Michaeli archangelo – Confiteor #3 – Rondel #11


Saint Michel Archange
Saint Michel Archange – (crédit Renaud Camus CC)

Suite de notre méditation sur le Confiteor : l’invocation à saint Michel Archange.

« Nul n’est égal au Seigneur Dieu. »
Ainsi l’archange saint Michel
Rejeta-t-il l’ange rebelle
Dans les ténèbres loin des Cieux.

A l’Homme, en tous temps, en tous lieux,
Avec sa milice, il rappelle :
« Nul n’est égal au Seigneur Dieu. »

Prie ce saint ange de ton mieux ;
Qu’il t’aide à demeurer fidèle
Sous la protection de son aile
Qui n’est autre que son précieux :
« Nul n’est égal au Seigneur Dieu. »

La Sainte Vierge

Beatae Mariae semper Virgini – Confiteor #2


La Sainte Vierge
La Sainte Vierge

Deuxième volet de cette série sur le Confiteor : je confesse à la bienheureuse Marie toujours vierge.

Ô Vierge corps et âme, ô Mère du Sauveur,
Ô Tabernacle de grand prix
Qui pour le genre humain fut remplie de faveurs,
Je vous salue, Sainte Marie !

Par votre immense « Fiat », Mère pleine de grâces,
Vous avez permis mon salut ;
Peut-être au Paradis pourrai-je prendre place,
Puisqu’à Dieu vous avez complu.

Ce « Fiat », je le méprise, oh que je le méprise
Lorsque je commets un péché ;
Chaque faute est, hélas, une flèche précise
Qui dans votre cœur s’est fichée.

L’existence éternelle, oh que je la dédaigne
Quand mes vains désirs j’assouvis ;
Point de mère ici-bas dont le grand cœur ne saigne
Quand son fils veut s’ôter la vie.

Ô Mère, cette vie, vous me l’avez transmise ;
Soyez bénie pour un tel don !
Si votre fils, hélas, commet une traîtrise,
Qu’il vous en demande pardon.

Récitation du Confiteor par le célébrant (penché)

Défense du Confiteor – Confiteor #1 – Deo omnipotenti – Liturgie #5


Récitation du Confiteor par le célébrant (penché)
Récitation du Confiteor par le célébrant (penché)

On entend souvent que les textes traditionnels de l’Église, notamment de la messe tridentine (forme extraordinaire), sont redondants, remplis de termes inutiles, pleins de répétitions dépourvues d’intérêt. Je ne m’attarderai pas sur la prétention qu’il y a à juger aussi péremptoirement des textes écrits au cours des siècles de la part de personnes qui n’en ont jamais plus d’un. Mais puisqu’on a renversé les rôles, et que c’est à la tradition de se défendre contre l’innovation, défendons, autant qu’on le peut. Le Confiteor est un bon exemple de l’émondement qui a été opéré. On est passé ainsi de :

Je confesse à Dieu Tout-Puissant,
à la Bienheureuse Marie toujours vierge,
à Saint Michel Archange,
à Saint Jean-Baptiste,
aux Saints Apôtres Pierre et Paul,
à tous les Saints,
et à vous, mon Père,
que j’ai beaucoup péché, par pensées,
par paroles et par actions.
C’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma très grande faute.
C’est pourquoi je supplie la Bienheureuse Marie toujours vierge,
Saint Michel Archange,
Saint Jean-Baptiste,
les Saints Apôtres Pierre et Paul,
tous les Saints et vous mon Père,
de prier pour moi le Seigneur notre Dieu.

à :

Je confesse à Dieu tout-puissant,
Je reconnais devant mes frères
que j’ai péché,
en pensée, en parole, par action et par omission.
Oui, j’ai vraiment péché.
C’est pourquoi, je supplie la Vierge Marie,
les anges et tous les saints,
et vous aussi, mes frères,
de prier pour moi le Seigneur notre Dieu.

On s’est débarrassé de la Sainte Vierge, de saint Michel, de saint Jean-Baptiste, de saint Pierre et de saint Paul. Pourquoi se confesser aussi à eux ? La raison en est simple, et cette série de poèmes ne prétendra que l’illustrer. Mais à tout Seigneur, tout honneur, bien que la mention « Deo omnipotenti » ait été conservée.

C’est à Vous, ô mon Dieu, c’est à Vous tout d’abord
Que j’ai par mes péchés fait chaque fois du tort.
Hélas, si je devais énumérer Vos dons,
Je serais sans tarder contraint à l’abandon
Avant d’en avoir pu dire le millionième,
Après avoir écrit mil vers de ce poème.
De Vous j’ai tout reçu, mon Seigneur et mon Dieu ;
Rien ne me fut offert sans descendre des Cieux.
A l’Être qui créa les splendeurs de la terre,
Qui m’accorda la vie par mon père et ma mère,
Qui par l’eau de l’Esprit fit de moi Son enfant,
Qui contre vingt démons chaque jour me défend,
Ah ! comment décider de Lui désobéir,
Comment donc ai-je pu, ai-je osé Le trahir ?
Il a créé le monde, Il est mort sur la Croix,
Et moi j’ose déplaire à cet auguste Roy,
J’ose me révolter, oui, j’ose être rebelle,
J’ose, ingrat, mépriser Ses lois saintes et belles
– Et non pas une fois, par hasard, par oubli,
Mais bien conscient, du saut au retour dans le lit,
Sept fois le jour je pèche et commets quelque faute,
Je le mûris, le veux, le fais – vanité haute,
Par quoi je me voudrais l’auteur même des lois,
Par quoi sous le péché tout aussitôt je ploie.
Je ressens aussitôt le poids de ma misère,
Mais j’aurais beau gémir, cette pointe de fer
Que j’ai plantée moi-même au fond de mon esprit,
Je ne puis l’arracher, et bientôt dépéris.
Dans mon profond malheur, vers qui me tournerai-je ?
Qui peut rendre à mon cœur sa pureté de neige ?
Il a créé le monde, Il a versé Son sang ;
Que l’impotent supplie l’unique Tout-Puissant.